Prochaine séance du séminaire Après la représentation: Claire Etchegaray (26 avril 2025)
Séminaire de recherche 2024-2025 organisé par Jocelyn Benoist
une fois par mois le samedi de 10h30 à 12h30
Sorbonne, Escalier C, 1er étage, Salle Lalande
Prochaine séance :
Samedi 26 avril 2025, 10h30-12h30, Sorbonne, salle Lalande
Claire Etchegaray (IREPH, Nanterre)
Parce qu’elles sont là. Les représentations et l’offre philosophique de James J. Gibson
Le “réalisme direct” a pu être conçu comme le réalisme qui reste lorsqu’on enlève l’entité intermédiaire mentale qui avait été à tort interpolée par le réalisme indirect entre l’esprit et le monde. L’hypothèse qui sera suivie ici est que la perception qui porte directement sur le monde ne se réduit pourtant pas à l’intentionnalité qui porte sur les idées, les sensations ou les sense-data et que l’on aurait désobturée. Thomas Reid ou James J. Gibson, que l’on a parfois tenus pour des réalistes directs, ont d’ailleurs rendu compte du réalisme perceptif de tout autres façons que par ce “réalisme direct”, ce réalisme qui reste après la critique de la représentation.
On pourra en avoir confirmation en analysant le sens où Gibson dit que la perception pictoriale est “indirecte”. Je montrerai que ce sens n’est pas exactement celui qu’on entend dans le “réalisme indirect”. La perception pictoriale est un bon test d’ailleurs pour les approches réputées directes : pour mieux comprendre ce qu’elles disent de la perception, intéressons-nous à leur théorie de la perception des images, et voyons en quoi la perception non pictoriale est dite “directe” ou “non médiée”, et la perception pictoriale “indirecte” ou “médiée”. Il apparaît que ces adjectifs ont chez Gibson des significations, lorsqu’ils qualifient la perception, différentes de celles qu’on leur donne en général pour qualifier des réalismes ou des philosophies.
C’est dans cet esprit que je propose de répondre à l’invite exprimée par la formule interrogative de Jocelyn Benoist : « Après la représentation ? ». Faut-il vraiment abandonner le concept de représentation si l’on prend au sérieux la critique que la psychologie écologique de la perception, telle que proposée par James Gibson ?
Je considérerai dans un premier temps ce qui vient après la critique de la représentation : quel réalisme perceptif est soutenu par la psychologie écologique de Gibson si ce n’est pas « un réalisme qui reste » ? Ensuite j’en viendrai à la question de savoir si le concept de représentation mérite d’être complètement abandonné. Je suivrai alors une première piste, celle d’un retour de la représentation dans la psychologie écologique. D’aucuns ont en effet tenté de comprendre la psychologie de Gibson comme une façon de penser la fonction de nos systèmes perceptifs en termes de représentation – mais évidemment dans les termes d’une « représentation » repensée et redéfinie (Ruth Millikan, Mark Rowlands, Gary Hatfield). Je montrerai pourquoi néanmoins, selon moi, cette lecture ne rend pas justice à la façon dont Gibson pense l’information perceptive. Pourquoi alors, après une critique de la représentation, la notion de représentation demeurerait-elle pleine de sens et comment penser ce sens ?
Je répondrai alors autrement. Je me souviendrai de ce que l’alpiniste George Mallory avait répondu à un journaliste qui lui demandait incessamment pourquoi il voulait tant gravir l’Everest : « parce qu’il est là ». Les représentations sont là, comme les montagnes. Il s’agira de comprendre en quel sens, il s’agira de dire en quoi la perception de ces représentations serait “indirecte”, et ce qu’on peut attendre d’une philosophie qui s’y intéresse. Parce qu’elles sont là.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Pierre Fasula (5 avril 2025). Prochaine séance du séminaire Après la représentation: Claire Etchegaray (26 avril 2025). EXeCO. Consulté le 23 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13ou6