Prochaine séance du séminaire Histoire et philosophie de la psychiatrie: Elisabeth Basso (30 avril 2025)
La prochaine séance du séminaire « Histoire et philosophie de la psychiatrie » aura lieu mercredi 30 avril, de 18h à 20h, en salle Cavaillès (17 rue de la Sorbonne). L’inscription pour les personnes extérieures à Paris 1 est obligatoire : cliquer ici
Nous aurons le plaisir d’écouter Elisabetta Basso (Università di Pavia, Dipartimento di Studi umanistici) présenter une intervention intitulée :
« La tradition phénoménologique en psychiatrie : révolution ou spéculation ? »
Résumé :
Ce qu’on appelle en général la psychiatrie « phénoménologique » présente en réalité des formes différentes et spécifiques d’un point de vue théorique. Cependant, la posture théorique commune à ces formes consiste à traiter les phénomènes observés sans préjugés, à savoir indépendamment de tout jugement de valeur médico-scientifique. En France, c’est surtout l’« analyse existentielle » (Daseinsanalyse) élaborée par le psychiatre suisse Ludwig Binswanger (1881-1966) qui a inspiré depuis les années 1930 de nombreux psychiatres et philosophes. Parmi ceux-ci, on pourrait mentionner Sartre, Merleau-Ponty, Bachelard, mais surtout Foucault, qui y a consacré deux études dans les années 1950. À une époque où la théorisation nosologique en psychiatrie s’accompagnait d’une « expérimentation thérapeutique » guidée par le critère d’une efficacité empirique à laquelle ne correspondait pas forcément un savoir scientifique, Binswanger s’efforce d’élaborer un modèle théorique s’enracinant directement dans la clinique. Du fait d’avoir opéré un changement radical dans les normes de compréhension de la maladie mentale, ainsi que par le fait de s’être développée en marge de la psychiatrie académique, les antipsychiatres ont reconnu à cette tradition d’avoir joué un rôle révolutionnaire dans l’histoire de la psychiatrie. Au point que le philosophe Henri Maldiney a pu affirmer que « si l’attitude phénoménologique avait prévalu en psychiatrie, l’antipsychiatrie ne serait pas née ». Pourtant, de nombreuses critiques ont été et sont encore formulées à l’encontre de cette tradition qui, issue de ce que Foucault appelait l’« espace clarifié » de la phénoménologie, non seulement ne tiendrait pas suffisamment compte du contexte social du patient, mais serait vouée à la spéculation philosophique. Notre contribution vise à retracer les principales étapes de cette tradition de la psychopathologie d’un point de vue à la fois historique et épistémologique, afin de sonder la place qu’elle occupe aujourd’hui au sein de la « philosophie de la psychiatrie ».
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Pierre Fasula (15 avril 2025). Prochaine séance du séminaire Histoire et philosophie de la psychiatrie: Elisabeth Basso (30 avril 2025). EXeCO. Consulté le 23 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13r8b