Prochaine séance du séminaire Philosophie et psychanalyse: Alain Ehrenberg (30 jan. 2021)
La première séance du séminaire « Philosophie et Psychanalyse » aura lieu:
le samedi 30 janvier prochain
de 10h30 à 12h30
sous le mode de la visioconférence, via l’application Zoom.
Pour y participer vous devez vous inscrire en cliquant sur le lien suivant :
https://evento.univ-paris1.fr/survey/seminaire-philosophi…-xeae7uct
Nous aurons le plaisir d’accueillir et d’écouter:
Alain Ehrenberg (CNRS – CERMES3)
« D’Œdipe à Narcisse : symptômes et normativité sociale »
S’interroger sur la place des idées sociales dans la formulation des symptômes, mais aussi des concepts psychanalytiques (névroses de transferts, névroses de caractères, etc.), c’est en même temps se demander quels rapports doivent être établis entre psychanalyse et sociologie (ou sciences sociales) pour la compréhension de nos sociétés individualistes de masse. L’enjeu intellectuel est de surmonter les impasses de la problématique culturaliste « personnalité collective/personnalité individuelle » dans laquelle la société apparaît comme un gros individu. Comment ?
Au cours des années 1970, commence à s’imposer l’idée que l’homme public décline au profit de l’homme privé. La société se trouverait envahie par le moi des individus et les liens sociaux perdraient de leur force. Cette idée du déclin a trouvé un matériau électif dans une classe de pathologies mises particulièrement en relief par les psychanalyses britannique et américaine à partir des années 1940 : les pathologies narcissiques et les états-limites. Pour nombre de psychanalystes ces pathologies concerneraient sinon la plupart des patients, du moins une bonne partie d’entre eux. Elles font l’objet d’une littérature prolifique depuis plusieurs décennies dans laquelle on peut saisir comment la psychanalyse et la sociologie (ou l’anthropologie) formulent le problème des relations entre symptômes, personnalité et vie sociale.
En prenant, dans le cas de la société américaine, l’exemple des déplacements d’intérêt des problématiques œdipiennes à des problématiques narcissiques et limites dans la psychanalyse et de l’usage sociologique de ces dernières dans de nombreux essais moraux et politiques, l’exposé montrera que la transformation du narcissisme en concept sociologique constitue non une bonne manière de nouer les rapports entre psychanalyse et sociologie, parce qu’elle reste un culturalisme, mais un jeu de langage nécessaire dans les sociétés individualistes de masse mettant en forme des inquiétudes concernant la vie commune. On montrera ensuite les raisons d’une telle nécessité et on proposera une rapide comparaison avec le cas français.